La conduite des organisations contemporaines face au défi de la complexité
Organisé par l’association MCX à l’INSEP 06/02/2014 www.intelligence-complexite.org
Dominique Genelot VP de l’AE-MCX
Auteur de « Manager dans la complexité » (Insep ed.)
Définitions
Complication = imbrication d’éléments et de facteurs de tous ordres, maitrisables avec de l’expertise, du temps, des moyens
Complexité = phénomènes qui échappent à notre compréhension totale et à notre maitrise
Exemple : le sport est complexe et humain : comment dans une équipe de sport collectif un joueur peut-il faire une passe à l’un de ses coéquipiers qui lui a piqué sa petite amie ?
Inconsciemment on pense régler les problèmes selon ce que l’on a appris mais il y a déni de la complexité
Les 3 défis majeurs de la complexité :
- Incertitude/imprévisible ======> conception/concevoir quelque chose de nouveau
- Diversité ===============> reliance
- Contradiction ===========> dialogique/nécessité de recourir à des logiques connues
Cf. Ilya Prigogine (Le hasard, l’incertitude, l’imprévisibilité, l’évolution par bifurcations) – A. Riboud (OPA 69)
- Événements uniques, singuliers, impossibles à modéliser, récursivité, auto organisation (Heinz Von Foerster)
- Enchevêtrement des interactions et des causalités (les dominos, le serpent qui se mord la queue)
- Un système complexe n’est réductible ni au tout (holisme) ni aux parties (réductionnisme) car un tout est à la fois plus et moins que la somme des parties et une partie est plus que la partie d’un tout
- Dialogique= association complexe de logiques à la fois concurrentes, antagonistes et complémentaires
- Le défi de la complexité est d’abord dans nos têtes
La boucle de l’« agir et du penser » en complexité
- Nous fabriquons des représentations à partir de trois filtres :
1. le passé (valeurs, éthique, morale, culture, religion, croyances, paradigmes, expérience, connaissances acquises, formation…
2. le présent : contexte, situations, émotions, pression, stress, contraintes, risques, social, politique, éthique…
3. l’avenir : finalités, intention profonde, désir, objectifs, projets…
- La connaissance n’est jamais le reflet objectif de la réalité, elle est une construction de l’esprit, subjective, contextisée, incorporée, projective, évolutive
- Le management se joue sur 3 champs évolutifs en interaction : la stratégie, l’organisation, les hommes
- Il s’agit de créer les conditions d’une intelligibilité partagée, et pour cela créer les conditions permettant d’aller vers une base minimale de valeurs et de cultures partagées
Focus sur le concept de système et la modélisation systémique
- Penser en reliance le tout et les parties
- Le grand défi est de concevoir de l’inattendu, de l’incertain, de l’imprévu et de générer des émergences
- Le grand défi du tout :
– Un système complexe n’est réductible ni au tout ni aux parties
– Le tout est plus et/ou moins que la somme des parties
– Le tout est plus que le tout
– Une partie est plus qu’un fragment du tout
Jean Louis Lemoigne
Président de l’AE-MCX
Les 5 questions clés de la modélisation systémique (ICARE)
- L’Intention : quelles sont les finalités, les raisons d’être de ce qu’on entreprend en prenant en compte que l’homme interprète donc nécessité de clarifier nos intentions et celles des parties prenantes
- Le Contexte : qui est concerné par ces finalités ? quelles sont les parties prenantes ? quels sont les liens avec l’environnement ? quelle est la clôture opérationnelle du système… On a tendance à réduire le contexte à ce qui nous intéresse…
- L’Action : quelles sont les activités à conduire et les fonctions à remplir ?
- La Régulation : quelles interactions à autoréguler ? quelle organisation ? quelle gouvernance ?
- L’Évolution : comment maintenir le système au fil du temps pour garder le sens ?
La dynamique d’émergence
C’est le tout qui résulte de la reliance des parties entre elles et de la reliance des parties à la finalité du tout (hologramme) > exemples : une molécule d’eau est plus que la somme d’atomes d’oxygène et d’hydrogène, l’organisme humain est plus que l’addition de cellules, et l’orchestre ? (cf. Claudio Abbado)
On ne peut pas générer de l’émergence, on peut tout au plus créer les conditions de l’émergence sur trois plans : la construction de sens, l’intelligibilité des enjeux, du contexte, des parties prenantes, et l’auto éco organisation
Le manager doit être un concepteur plus qu’un applicateur de méthodes, il doit construire le futur et développer des émergences (« le futur se nomme incertitude » (E Morin)