Ayant eu le plaisir d’être invité par mon ami Emmanuel Hubert (Directeur Sportif de l’équipe cycliste professionnelle « Bretagne Séché Environnement ») à participer à ses côtés à la mythique course Paris-Roubaix dimanche 13 avril 2014 , au-delà du coup de cœur pour le passionné de vélo que je suis, je pense que nombre d’entreprises trouveraient intérêt à s’intéresser à une telle épreuve en terme d’organisation (ASO), mais aussi à la stratégie , l’organisation , le management d’une équipe comme celle dirigée par Manu Hubert.
Tout a été dit et écrit (ou presque) sur « la reine des classiques », « l’enfer du nord » ….la succession de secteurs pavés anachroniques aux noms charmants (Saint Python, Monchaux sur Écaillon, la fameuse « Trouée d’Arenberg », Brillon, Sars et Rosières, Ennevelin, Templeuve, le Carrefour de l’Arbre…) qu’il faut franchir à environ 50/60kmh pour espérer rester sur son vélo.
Comme l’a écrit Philippe Delerm dans « La tranchée d’Arenberg et autres voluptés sportives », « Faire Paris Roubaix, c’est un vaccin pour l’épopée ». Epopée pour les coureurs certes bien sûr et en priorité tellement cette course de héros est particulière, mais aussi à un degré moindre pour les suiveurs et le modeste accompagnant que j’ai eu la chance d’être hier.
Prenant place dans la voiture du sympathique Loïc dit « Lolo » – adjoint de Manu- , nous avions comme objectif de nous poster à la sortie de 5 secteurs pavés en faisant des « coupures » pour aller d’un secteur à l’autre se poster avec roues de secours et bidons tout en écoutant Radio Tour nous commenter la course. Cette organisation en soi est déjà originale et efficace malgré les différentes embûches (dérivations, gendarmerie, blocage de routes, dispersion des coureurs sur le parcours, concurrence des autres équipes pour avoir les meilleures places, public très nombreux…).
Il faut avoir vu au moins une fois dans sa vie ce que signifie cette course d’un autre temps (crée en 1896 par des filateurs nordistes) pour savoir ce que représente le passage du Paris Roubaix pour tous ces gens amassés le long du parcours : impressionnant !
Il faut avoir eu la chance de faire ces coupures pour saisir l’organisation pointue que ce sport en général et cette course en particulier requière de professionnalisme et d’adaptation, d’organisation et d’improvisation au sein d’une équipe. Et quelle équipe autour de la force tranquille de Manu tout en « rondeurs » , manageant avec humanisme, humilité et humour : des dirigeants passionnés , un encadrement très pro, des mécanos attentifs et disponibles, et bien sûr des jeunes coureurs sympas , accessibles, respectueux, souriants, décontractés , sereins après plus de 250kms dans la poussière, le vent , avec crevaisons, chutes….
Les encouragements des supporters , les klaxons des voitures et motos, la poussière, la vitesse et le bruit des vélos passant à 50kmh, je me demande encore par quel miracle mécanique les plus de 1500 pièces constituant un vélo d’environ 7 kg ne cassent pas davantage, comment ce puzzle fait de vis microscopiques, de câbles allégés, de roulements à billes, de boulons et autres ressorts résistent à un tel traitement ?
Le vélo donne à regarder, à vibrer, à s’enthousiasmer, à partager, à éprouver, à compatir, le vélo ça ne s’oublie pas, ni comme pratiquant ni comme spectateur !
Nous nous interrogions dans la voiture du retour avec l’ami Marc Fayet (comédien, auteur dramatique, metteur en scène) –autre passionné de vélo- sur les raisons des difficultés à mettre le vélo au cinéma ou au théâtre ? ….eh bien parce que tout simplement le vélo se suffit à lui-même : une course, des histoires, des stratégies, des intrigues, des alliances, des trahisons, des rebondissements, des chutes, des crevaisons, des spectateurs, des médias, un vainqueur, des héros…Un univers exigeant fait de simplicité, de proximité et d’humilité !